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Le camp des morts

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Il n’y a rien de mieux pour commencer ses vacances que de partir retrouver Walt Longmire, Henry Standing Bear et leurs amis dans le Wyoming. Hélène, du blog Lecturissime avons décidé de partager avec vous cette lecture commune. J’ai commencé ma lecture en fin de matinée et je l’ai achevée ce soir. J’ai quand même reçu entre temps des amis pour déjeuner mais j’étais ravie de rejoindre à nouveau les montagnes des Big Horns où, il est vrai, on se sent presque comme chez soi.

le camp des mortsJ’ai lu deux ou trois autres romans de Craig Johnson mais je dois avouer de suite : il s’agit de mon préféré ! Un énorme coup de  pour cet opus qui met en avant la compassion, la gentillesse et l’humour tordant de Longmire (et mordant de son meilleur pote Henry). Walt vous met de suite à l’aise : oui, il a laissé sa barbe pousser, oui il a encore oublié d’acheter un cadeau pour sa fille, oui il n’est pas bon pisteur et oui, il se met parfois en colère contre les mauvaises personnes. Mais au final, c’est un bon bougre et un ami patient et un enquêteur hors pair. Humain. On est loin ici de Las Vegas et des technologies, ici on traite de l’humain. Ainsi, lorsque son ami Lucian, ancien shériff et résident d’une maison de retraite, lui demande de regarder de près la dépouille d’une amie à lui, décédée dans la nuit, Walt obéit. La victime s’appelait Mari Baroja, d’origine basque, elle avait 74 ans et fumait trois paquets de cigarettes par jour. Mais le nouveau coroner fait bien son boulot et découvre rapidement qu’elle a été empoisonnée.

Entre la communauté basque, déjà évoquée dans un autre roman, et les nations Cheyenne et Crow qui vivent dans les réserves, l’histoire du comté d’Absaroka est passionnante. Lucian Connelly avoue ainsi à son ami qu’il a été brièvement marié à la très belle Mari mais son père et ses oncles ont fait annulé le mariage le jour-même et l’ont mariée de force à un autre homme. Ce dernier a disparu peu de temps après, en 1950, abandonnant Mari et ses trois jeunes enfants. L’enquête de Walt le mène à Lana, l’unique petite-fille de Mari, qui tient une boulangerie ; celle-ci aimait beaucoup sa grand-mère et lorsqu’il la questionne sur l’époux volage de Mari, son grand-père, Lana lui répond qu’elle croit dur comme fer que Lucian l’a tué. N’a-t-il pas continué de voir Mari pendant des décennies tous les jeudi midi ? Le destin leur aura permis de se retrouver ensemble dans cette maison pour personnes dépendantes. Mais Mari lui est de nouveau arrachée. Lucian ne quitte plus Walt d’une semelle.

Comme dans chaque roman, et encore plus dans celui-ci, Craig Johnson sait entrainer le lecteur avec lui, on regarde les gens à travers les yeux de Walt, on souffre avec lui (cette enquête ne sera pas de tout repos, il échappe à la mort à plusieurs reprises), on voit ses faiblesses et celles des autres, mais aussi son extrême générosité et ses méthodes de recrutement, extrêmement atypiques. Que dire de son ami, mon personnage préféré, Henry Standing Bear et de ses facéties ? La « Nation Cheyenne » qui va lui sauver encore plusieurs fois la vie (2 fois dans ce roman), toujours là à veiller sur lui, à l’écouter, à se moquer de lui au besoin et à prendre soin de la fille de Walt. Comme le dit Walt, Henry prend les compliments comme personne d’autre, ainsi lorsqu’il le remercie de lui avoir sauvé la vie, Henry répond « Je t’en prie ».

Simple et honnête ; personne n’accepte les louanges avec autant de grâce qu’un Cheyenne.

Le talent de Johnson est de savoir également écrire un roman au rythme à la fois lent et soudainement précipité, à maitriser totalement son roman, parfois sombre mais toujours entrecoupé de saynètes plus joyeuses. Le romancier parvient sans difficulté à nous faire visualiser chaque scène : que ce soit la glace de la rivière qui rompt et entraine les personnages dans le torrent ou lorsqu’il affronte une nouvelle fois la tempête hivernale et n’est sauvé que par le sort (le camion-bison) ou par l’intervention de la Nation Cheyenne, nous sommes à ses côtés. Dans l’eau glaciale, dans la neige, affalé sur une des couchettes d’une des cellules, on suit Longmire partout. Dans ce roman, l’action se déroule sur quatre ou cinq jours, et le lecteur suit le shérif 24 heures sur 24. Longmire est un personnage complexe, qui lorsqu’il prend enfin le temps de dormir ne cesse de rêver de la victime comme il entend toujours les tambours des Anciens, dans son sommeil ou lorsqu’il est entre la vie et la mort. Il avoue ainsi rêver de Mari à Henry qui lui répond qu’il est allé faire un tour dans le camp des morts.

Ici la nature est toujours un des personnages principaux, cet hiver rude et cette tempête hivernale vont compliquer l’enquête du shérif mais il y est habitué. La lectrice que je suis un peu moins ! Mais on a envie de regarder le coucher de soleil avec lui sur les montagne des Big Horns et on a envie de partager cet instant de grâce lorsqu’il rejoint Henry sur la réserve, et que des anciens Cheyenne jouent du tambour. Johnson fait du lecteur une sorte de double, on ne quitte jamais d’une semelle Longmire même lorsqu’il réfléchit devant le miroir des toilettes.

Si ce roman m’a tant plu, c’est qu’ici, on est toujours aussi loin des enquêtes cyber criminelles ou comme dans les Experts, ici on enquête à la méthode des anciens et avec l’aide d’un pisteur hors pair, Henry. Et c’est souvent des histoires de rancune, de haine qui remontent à loin, permettant à Johnson de nous faire traverser plusieurs décennies. Et puis, Longmire se fiche souvent des règles, ainsi accepte-t-il souvent l’aide de Henry et même celle d’un contremaitre sur un chantier. Ici, je dois avouer que j’ai adoré cette partie du roman car en quelques mots, ce personnage m’a tout de suite plu et j’ai adoré la manière dont cela se termine (et les sourires jusqu’aux oreilles de Henry et de Walt, je vous laisse lire le roman pour mieux me comprendre). Comme j’aime la manière dont Johnson fait la part belle aux racines, qu’elles soient basques pour Mari ou Santiago « Sancho », sa nouvelle recrue, Crow comme Ellen Runs Horses et Ann Walks over Ice ou Cheyenne comme Henry. Et enfin, on se sent tellement bien dans son comté et sa petite ville !

Jackson Hole

Craig Jonson cite à deux reprises le même proverbe basque qui dit : « Une vie sans ami s’achève par une mort solitaire ». Ici, aucun risque : Walt Longmire a les meilleurs amis au monde.  Un immense plaisir que nous accorde encore une fois Johnson : être en leur compagnie. Ce roman fut cité comme l’un des dix meilleurs polars l’année de sa parution en France, mais comme le disait un autre magazine littéraire, ce roman est mieux qu’on polar, c’est une magnifique histoire d’amour !

♥♥♥♥♥

Editions Gallmeister, Death without company, trad.Sophie Aslanides, 376 pages.


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