J’ai cru ne jamais pouvoir relire! Terrassée par une banale crève, il y a une semaine, j’étais incapable de mettre le nez dans un livre. Mes yeux s’embuaient, la vue se brouillait .. Une semaine de paralysie. Puis samedi en huit, j’ai de nouveau tenté le coup avec le thriller de James Lee Burke, L’arc-en-ciel de verre et la magie a opéré ! J’ai lu le livre en deux jours.
J’étais heureuse de retrouver Dave Robicheaux et de rester en Louisiane. La dernière fois, il m’avait embarqué au Montana dans Swan Peak où j’avais passé un très bon moment. Ici nous sommes de retour chez lui, Dave Robicheaux vieillit et ses hallucinations viennent perturber ces jours tranquilles (il a des apparitions, de bateaux à aubes, de gens du passé..). Car Robicheaux veut profiter de sa fille, Alafair, qui écrit son premier roman, de sa femme Molly et du bayou Teche dont il partage le voisinage et aime y passer du temps, admirer les levers et couchers de soleil.
Mais son ami Cleve Purcel, son partenaire de toute une vie, vient lui demander de l’aide : 4 jeunes femmes ont été retrouvées sauvagement assassinées. Si trois d’entre elles étaient des prostituées, la quatrième était une adolescente, titulaire d’une bourse à l’université, très sérieuse. Robicheaux accepte de prêter main forte à son ami lorsqu’il réalise que sa fille, Alafair, s’est amourachée d’un riche fils de famille, dont la fortune et le nom sont célèbres à Nola. Le fils Kermit a perdu ses parents lorsqu’ils ont disparu dans les Bermudes il y une dizaine d’années et vit seul dans l’immense propriété familiale avec son grand-père.
Or leur nom ne cesse de revenir dans l’enquête sur la disparation et l’assassinat des jeunes femmes, dont la fameuse Bernadette, la lycéenne boursière. Très vite, Robicheaux comprend que Kermit s’est acoquiné avec d’anciens criminels, dont un qui a écrit un livre qui a fait sensation à sa sortie. Ses hommes sont des récidivistes, violeurs ou tueurs et Robicheaux va devoir protéger non seulement Cleve Purcel, de ses penchants naturels pour l’alcool et la bagarre mais aussi sa propre famille lorsque la tempête va s’abattre sur eux.
Ici Burke dénonce, non seulement, ces familles riches devenues si puissantes que même la loi semble incapable de pouvoir les contenir et puis il en profite pour, une fois encore, condamner les politiques menées en Louisiane qui pont participé à la déforestation, au carnage environnemental et à l’émergence de ces familles dotées de pouvoir presque
Robicheaux connaît ici une sorte de déprime – parce qu’il a le sentiment de mettre en danger sa fille, sa famille mais aussi parce qu’il reconnaît son impuissance face à ces criminels de la haute société. Mais le duo Robicheaux -Purcel est à nouveau en marche, et les deux compères décident de braver la loi et leur hiérarchie pour mettre fin à cette barbarie.
Ici, on retrouve le bayou, la chaleur tropicale de Louisiane, l’humidité, l’annonce d’une nouvelle tempête imminente et puis ses habitants, au passé différents. L’écrivain américain se penche pas mal sur le racisme envers les noirs, tout en décrivant cette société bigarrée, où se mêle les Cajuns, les Anglos et même ces métis magnifiques.
Le côté sombre de l’histoire, particulièrement marqué dans cet opus, m’a fait pensé à True Detective. On retrouve les mêmes paysages désolés, cette Louisiane loin des cartes postales, ces quartiers dévastés après Katrina, où vivote une frange très pauvre de la population. Où un pervers sexuel peut se voir confier la garde d’une petite fille noire car sa mère n’a personne pour la surveiller lorsqu’elle part travailler.
Dave Robicheaux s’interroge sur la Louisiane, ses habitants, son avenir. Il s’interroge beaucoup sur la nature humaine, ce qui fait de certains êtres ces criminels sans peur, sans remords. Ces regards « vides ». Ces machines à tuer.
Si j’ai été incapable de reposer le livre, car la tension monte, et on a très envie de connaître le fin mot de l’histoire, j’ai quand même trouvé certaines scènes parfois trop caricaturales, ou des fils trop gros. Les riches sont forcément méchants et cachent plein de secrets par exemple. J’ai aussi trouvé que le nombre de personnages était parfois un frein à mon entrain mais les méchants, particulièrement ce Vidor, sont tellement bien décrits que l’on regretterait de ne pas les lire, et puis lorsque Burke s’attache à décrire les paysages de cet État magnifique, on les oublie immédiatement !
Il est clair qu’il faut que je lise plus de Burke, plus de Dave Robicheaux
L’article d’Hélène est aussi en ligne ! C’est par ici.
♥♥♥♥♥
The Glass Rainbow, trad. Christophe Mercier,Rivages Noir, 556 pages