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Lady Susan

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Le hasard fait parfois bien les choses : j’ai acheté début mai ce roman épistolaire de Jane Austen avant d’apprendre tout récemment qu’une adaptation cinématographique (baptisée Love & Friendship) allait sortir sur nos écrans.  Il me fallait donc partir à la découverte de Lady Susan  avant d’aller me précipiter au cinéma. Malheureusement, le film a été diffusé dans une salle de cinéma où les horaires ne me convenaient pas. Pas grave, j’ai bien rencontré Lady Susan et quelle femme !

Mais qui est donc Lady Susan ? Jane Austen s’est apparemment beaucoup amusée en créant cette veuve jolie et aventurière et qui a compris qu’un discours spirituel pouvait lui ouvrir les portes du paradis. Son mari enterré depuis moins d’un an, que la jeune femme fait déjà parler d’elle. En effet, un homme marié s’est épris d’elle – coquette et sans scrupules, elle trouve refuge chez son beau-frère, un riche banquier.

Son épouse, Mme Vernon, craint terriblement la venue de cette femme sans gêne et sans éducation. Et lorsque Reginald de Courcy, son frère, s’entiche de la jeune femme, elle a tout à craindre.

Quel témoignage plus probant de ses dangereux talents pourrait être apporté que cette perversion du jugement de Reginald qui, à son arrivée ici, lui était si décidément hostile ? (Lettre VIII, Mme Vernon à Lady De Courcy)

Jane Austen a ici choisi la forme épistolaire (exceptée pour le dernier chapitre) pour dessiner le portrait unique de cette femme sans scrupules, qui ne cesse de semer la zizanie sur son passage.  La plupart des échanges se font entre elle et sa meilleure amie (Mme Johnson) et sinon c’est sa belle-soeur, Mme Vernon qui se confie à sa mère, Mme de Courcy sur la venue de cette femme méprisante qui a tenté il y a fort longtemps de faire éclater ses fiançailles avec Charles Vernon.

Bien qu’âgée de 35 ans, Lady Susan en parait dix de moins – et semble s’amuser de déclencher chez les hommes un intérêt vif, même s’il est déplacé (comme l’homme marié). Sans le sou, elle cherche à tout prix un mari pour elle et surtout pour sa fille, Frederica, qu’elle a toujours trouvé sotte et sans talent – ici l’instinct maternel est à oublier ! Elle a eu vite fait de la placer dès son plus jeune âge, et rage lorsqu’elle celle-ci est expulsée et doit venir la rejoindre. Elle n’a aucune affinité envers cet enfant d’à peine seize ans. Je n’ai pas pu m’empêcher de noter ces passages qui révèlent ici l’étendue du caractère égoïste et égocentrique de Lady Susan, lorsqu’elle se confie à sa meilleure amie, Mme Johnson :

Je n’ai jamais une fille de cet âge promettre autant de devenir la risée de tous. Elle est dotée d’une sensibilité suffisamment vive et met tant de charmante ingénuité à dévoiler ce qu’elle ressent qu’on peut très raisonnablement espérer la voir moquée et méprisée par tous les hommes qui la croiseront sur leur chemin.

L’ingénuité n’aboutira jamais à rien en amour, et une fille est d’une niaiserie sans remède qui est ingénue par nature ou par affectation.

Une nouvelle fois, Jane Austen démontre son talent pour créer des personnages perfides, vils ou à l’inverse sots. Ici les hommes en prennent pour leur grade, que ce soit le promis de Frederica, dont la mère a ourdi l’union malgré le refus de sa fille ou Reginald, le frère de Mme Vernon, qui sous le charme de Lady Susan ne voit absolument pas son véritable jeu – le lecteur s’amuse à la lecture de ces échanges épistolaires à suivre les mésaventures de cette famille.

Car, au grand dam de Lady Susan, sa fille Frederica va refuser cette union et tous ses plans vont tomber à l’eau. Mais voyez ici la réaction de Lady Susan, quelle vipère 🙂

J’ai beaucoup de choses à accomplir. Il me faut punir Frederica, et assez sévèrement, pour s’être adressée à Reginald. Il me faut le punir lui aussi pour avoir accueilli la requête de ma fille aussi favorablement, ainsi que pour le reste de sa conduite. Je dois tourmenter ma belle-soeur pour le triomphe insolent que font paraître son air et son attitude depuis le renvoi de Sir J.  (…) Enfin, je me dois un dédommagement pour les humiliations auxquelles je me suis abaissée ces jours derniers.

Je vous laisse découvrir la fin. Quel plaisir de retrouver la plume toujours aussi acérée et piquante de Jane Austen !

♥♥♥♥

Collection Folio,  Editions Gallimard, trad. Pierre Goubert, 117 pages


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